Témoignage d’une mobilité inter-universitaire
Étudiant en Master 1 d’Anthropologie Sociale et Culturelle, voilà maintenant 6 mois que mon quotidien étudiant se déroule au sein de la plus grande université du Brésil : l’Université de São Paulo. Mais comment se déroule une mobilité internationale dans le cadre de l’université ?
Mon aventure a commencé avec une curiosité pour le Brésil née au fil de lectures (Roger Bastide, Claude Lévi-Strauss, François Laplantine, Marion Aubrée, etc…) et de cours d’anthropologie relatifs au Brésil. Ce pays, que je ne connaissais qu’au travers de livres et ce qu’on m’en expliquait, m’attirait de plus en plus.
J’ai alors pris la décision de faire un échange interuniversitaire. L’Université de Strasbourg et la Faculté de Sciences Sociales ont plusieurs accords avec différentes universités brésiliennes ou encore à travers le réseau REARI-RJ. Après avoir regardé les différentes propositions d’échanges, les cours et spécialités de chaque université dans le domaine de l’Anthropologie, et échangé avec des étudiants ayant déjà effectué une mobilité internationale, mon choix s’est arrêté sur l’Université de São Paulo. Il m’a fallu alors soumettre une candidature auprès de l’Université de Strasbourg, puis auprès de l’Université de São Paulo. Lors de votre demande d’inscription, vous pouvez vous inscrire au programme USP Friend : des étudiants brésiliens se proposent d’accueillir et d’accompagner les étudiants étrangers autant dans leur recherche de logement, les démarches administratives, dans les sorties ou les loisirs, mais aussi pour découvrir la ville de São Paulo. Si vous ne connaissez personne au Brésil, avoir une personne pour vous accueillir et vous épauler dans vos premiers pas peut être d’une grande aide.
Une fois votre candidature déposée, le délai de réponse de l’Université de São Paulo est assez long, je recommande donc fortement de commencer à se renseigner et à initier toutes les démarches nécessaires au départ (et cela même si, au final, vous ne partez pas) que ce soit les modalités d’obtention du visa (Visa VITEM IV), obtenir, renouveler, régulariser ses documents d’identité (passeport, carte d’identité, le permis de conduire international n’est pas obligatoire mais recommandé) et mettre à jour ses vaccinations. Pour ma part, j’ai eu le tort de m’y prendre tard pour mon visa : l’agenda de rendez-vous pour déposer une demande de visa auprès du Consulat Général du Brésil était déjà complet. Je n’ai pas eu d’autre solution que de me présenter dès potron-minet devant le Consulat Général du Brésil à Paris, pour faire la demande (un certain nombre de personnes sont reçues tous les jours sans rendez-vous). Il faut également penser à votre logement : l’USP n’héberge pas les étudiants étrangers. S’offrent deux solutions : trouver une chambre avant d’arriver, le plus simple étant par internet (il existe plusieurs groupes Facebook qui aident à la recherche, tels que « Les Français de São Paulo », « República da USP », « Repúblicas de São Paulo », « Aluguel de casas e apartamentos em São Paulo SP », ou « Aluguel SP – Vagas/ Dividir apartamento/Repúblicas ») ; l’autre option étant de trouver un hébergement d’appoint le temps d’éplucher des propositions ou annonces et de faire la visite des chambres ou appartements proposés (souvent des panneaux signalent les chambres à louer dans les repúblicas autour de l’USP). La seconde option (que j’ai choisie) évite souvent les mauvaises surprises et permet de comparer directement, mais nécessite d’arriver une voire deux semaines avant la reprise des cours pour avoir le temps de trouver et de choisir un logement.
Je suis donc arrivé fin juillet, deux semaines avant le début du second semestre brésilien. Il faut noter que le rythme scolaire est différent entre la France et le Brésil : si le premier semestre en France est de septembre à janvier et le seconde de février à juin, le premier semestre au Brésil est de février à juillet et le second de août à décembre. La réunion d’accueil des étudiants étrangers se déroule généralement une semaine avant le début des cours, des informations relatives au fonctionnement de l’USP, aux démarches administratives à effectuer (RNE, CPF, Bilhete Único, contrat pédagogique), sont expliquées et un tour du campus est organisé pour permettre aux étudiants fraîchement arrivés de le découvrir et de s’y repérer par la suite. Après avoir trouvé un logement, j’ai pris le temps de visiter São Paulo, mais également de régulariser ma situation administrative : d’abord avec le CPF (Cadastre de personne physique), puis le RNE (Registre National des Étrangers), et enfin le Bilhete Único (carte pour les transports en commun). Ces démarches sont chronophages et le RNE demande de prendre rendez-vous auprès de la Police Fédérale, donc se décharger de ces tâches permet d’entamer l’année l’esprit serein.
Une fois les cours commencés, vous avez une semaine ou deux (en fonction des facultés et des instituts) pour choisir les cours que vous allez suivre. Dans mon cas, un ensemble de grèves ayant retardé la reprise des cours, je n’ai eu qu’une semaine pour arrêter mon choix. L’université de São Paulo propose un cours sur l’Histoire et la Culture Brésiliennes, non obligatoire mais amenant une base de connaissance solide sur ce pays, ainsi que des cours de remises à niveau en Portugais (cependant rassurez-vous concernant la langue : même si vous n’êtes pas bilingue lusophone, manifestez-vous à votre professeur en début d’heure, la majorité ont soin de parler lentement et de bien articuler lorsque des élèves en échanges suivent leur cours, ce qui facilite la compréhension). La quantité de travail demandé varie en fonction des cours et des professeurs, mais laisse tout de même du temps pour découvrir la vie brésilienne et visiter la ville et ses alentours. La vie sur le campus permet de rencontrer des personnes et de participer à des activités extra-scolaires. Les vacances d’été sont de fin décembre à mi-février, laissant suffisamment de temps pour partir explorer d’autres villes brésiliennes ou d’autres pays d’Amérique Latine, de profiter des plages et de visiter musées, lieux et monuments remarquables.
Pour conclure, je dirai que l’aventure de l’échange interuniversitaire est très enrichissante pour un cursus universitaire. Elle permet la découverte de nouvelles cultures, et donc d’une nouvelle manière de penser, l’apprentissage d’une langue, d’élargir ses cercles de connaissances en rencontrant de nouvelles personnes, c’est aussi l’occasion de découvrir un magnifique pays impressionnant autant par sa diversité que par sa complexité.
Étienne Clausse
clausse.etienne@gmail.com