Parlez-vous tupi ?
Au début du XVIème siècle, à São Paulo, les « Bandeirantes » pionniers brésiliens, suivent le Rio Tietê vers l’ouest et le nord inconnu. Ils partent à la recherche d’or et de pierres précieuses. Ces Bandeiras, nom donné aux expéditions formées d’hommes qui parlaient le portugais et le Tupi-Guarani, nommèrent ainsi, dans cette langue, les endroits où ils passaient :
– Ibirapuera vient du tupi : arbres pourris, arbres morts, en extinction
– Itaim = petite pierre
– Pacaembu = lieu avec des pacas (espèce de gros rongeur, entre 6 et 12 kg)
On parle souvent du groupe des « Tupi-Guarani », c’est-à-dire que sont réunis dans un grand groupe ethnique et linguistique les Tupis et les Guaranis. Les Tupis sont les amérindiens natifs de la côte brésilienne.
Comme l’a noté Darcy Ribeiro (1922-1997), célèbre anthropologue brésilien, les premiers Européens, essentiellement Portugais, sont arrivés avec très peu de femmes et se sont vite « mélangés, fondus » à la population locale. Ils ont constitué la première source de métissage et de brassage (miscégénation). Quant on remonte les générations des Bandeirantes, les premiers avaient une mère indienne et un père portugais.
On parle de Caboclos, c’est-à-dire de métis descendants d’Européens blancs et de mère Amérindienne.
Pour la conversion des indigènes au catholicisme, les Jésuites avaient aussi créé une langue issue du
Tupinambá (= les plus anciens, le peuple ancestral) : le Nheengatu.
L’expulsion des Jésuites en 1759 a réduit l’influence du Tupi, le portugais devenant de plus en plus la langue générale. Mais l’héritage de la langue Tupi est demeuré très présente, soit dans la langue portugaise parlée au Brésil, soit dans la culture, la gastronomie, les traditions, etc…
En 1924 Oswald de Andrade (1890-1955), grand poète brésilien, définissait ce que devait être la poésie nationale dans son article : « Pau-Brasil » : le retour à l’alliance entre la terre et le pays avant même l’arrivée des Européens.
En 1928, son « Manifeste Anthropophagique » est daté de Piratininga, nom Tupi qui a précédé celui de São Paulo. Message : volonté unificatrice d’une culture qui veut s’approprier les valeurs de la civilisation, notamment Européenne, mais sans renier ses racines.
Cri de rassemblement : “Tupi or not Tupi, that is the question !”
Encore aujourd’hui de nombreux mots sont issus de la langue Tupi.
Saurez-vous les reconnaître ???
Fleuves / eau
Paraíba : fleuve « mauvais », fleuve dans lequel on trouve peu de poissons
Jabaquara : fleuve du Seigneur du vol
Iguatemi : lac / étang vert
Ipiranga : eau rouge, fleuve rouge (car piranga = rouge)
Anhagabaú : fleuve des mauvais esprits, démons
Iguaçu : eaux grands, grand fleuve
Canoa : barque dans tronc d’arbre
Itu : cascade, chute d’eau
Paraná : grand fleuve
Ipanema : eaux mauvaises
Para : fleuve
Pernambuco : mer avec « fissures », ouverture
Tijuca : boue, marais, marécage
Gastronomie
Açai : variété de palmier dont la noix est utilisée pour faire une boisson très énergétique
Maní : Mère du manioc, c’est Maní qui a crée le manioc.
Ibá-cachi = abacaxi : fruit parfumé
Py-poca = pipoca : maïs “éclaté”, pop-corn
Culture
Cuíca : espèce de longue queue de souris (ressemblance avec celle des kangourous) et instrument de musique
Jacaré : espèce de crocodiles
Butantã : terre dure
Lieux / animaux / flore
Yurucuã-quara = Jericoaquara : trou / sanctuaire des tortues
Bertioga : lieu avec des tainhas (une espèce de poisson)
Sumaré : espèce d’orchidée
Guarujá : lieu / pépinières de guaras (espèce de poissons)
Guarulhos: des gaurus (espèce de poissons)
Jundiaí: fleuve des jundiás (espèce de poisson chat)
Autres mots
Carioca : maison de l’homme blanc (cari = homme blanc + oca = maison)
Goiás: de la même race, égal
Sergipe: avec des yeux inquiets
Iracema : lèvres de miel (c’est un prénom répandu au Brésil)
Guarujá : gros mangeur, ventru
Ipanema : lieu nauséabond
Tabapuã : ville haute
Taubaté : haut village
Certains mots français dérivent aussi du tupi !
Voilà quelques exemples :
Boa vient de boya, mboya
Perroquet vient du tupi parawa que les portugais et espagnols écrivent paragua. C’est aussi de ce mot que vient le nom du pays le Paraguay, fleuve des perroquets
Tamanoir : fourmilier, vient du tupi tamanduá
Topinambour : vient du groupe ethnique « Tupinambás » (= les plus anciens, le peuple ancestral)
Denise vous recommande vivement d’aller visiter le Musée de la Langue Portugaise de São Paulo (métro Luz). Des installations interactives vous permettent de consulter l’origine de mots portugais et ceci, dans de nombreuses langues. Ce musée est très intéressant !
Minha Linda sobrinha estudou no Paraguay Tupy e é lindo .
Fiquei apaixonada dessa lingual indig ena sendo que no Brasil nao aprendemos n’a escola que pena.
Mas nunca é tarde