L’influence Japonaise à São Paulo 1/2
São Paulo compte environ 1,5 millions de Japonais et descendants.
Suite à un accord signé entre le Japon et le Brésil, les premiers Japonais (165 familles) sont arrivés à Santos le 18 juin 1908 à bord du fameux navire Kasato Maru, principalement pour travailler dans les plantations de café dans l’ouest de l’État de São Paulo.
Le Brésil compte actuellement la plus grande population de Japonais en dehors du Japon !
La plupart (1 million) résident dans l’État de São Paulo.
Pourquoi les Japonais ont-ils émigrés au Brésil ?
Fin 19ème, le Japon traverse une grave crise démographique, connait la fin du féodalisme et le début de la mécanisation agricole. Les campagnes sont quittées en faveur des villes. Ce phénomène d’exode rural s’amplifiant, les villes regorgent alors de travailleurs ruraux misérables fuyant la pauvreté des campagnes en espérant trouver un emploi en ville.
Parallèlement, le Brésil manquait de main d’œuvre en zone rurale.
En 1902, le gouvernement Italien interdit l’émigration subventionnée pour São Paulo (plus grande émigration jusqu’alors). Les fazendas de café commençaient à manquer de main d’œuvre pour le café, principal produit exporté à l’époque.
A cette période, l’émigration Japonaise était interdite aux États-Unis en raison de la première guerre mondiale. N’étant pas non plus bien accueillis en Australie ou au Canada, les Japonais se sont tournés vers le Brésil, l’un des rares pays à accepter l’émigration Japonaise à cette époque.
La plus grande partie des émigrants Japonais sont arrivés dans la décennie 1920-1930.
En plus des plantations de café, ils travaillaient aussi dans la culture des fraises, thé et riz.
La construction de cinturões verdes (ceintures vertes) a commencé pendant la création de Brasilia. Juscelino Kubitschek, alors Président du Brésil, a ainsi invité des familles japonaises pour cultiver les terres du cerrado (terres arides) qui semblaient, jusque-là, indomptables.
Pendant deux ans, le sol acide et sec a fait peiner tous ceux essayant de l’exploiter.
De 1957 jusqu’à maintenant, les Japonais ont rempli leur mission : création de la ceinture verte qui fournit Brasilia et d’autres villes dans le District fédéral.
Ces ceintures vertes se sont multipliées sur tout le territoire brésilien, particulièrement dans les États de São Paulo et du Paraná. Au Pará (extrême nord du Brésil), les colonies japonaises travaillaient surtout dans les plantations, culture et exportation de poivre. Les Japonais peuvent être remerciés pour l’abondance et la variété de légumes et fruits encore présents sur tous les marchés du Brésil.
A la fin de la première guerre mondiale, le flux d’émigration Japonaise a connu une forte croissance (montée de la pauvreté et manque de travail dans des villes surchargées).
Le gouvernement Japonais souhaitait aussi favoriser l’expansion des Japonais et de leur culture dans d’autres parties du monde, notamment en Amérique, en commençant par le Brésil.
La plupart des migrants Japonais souhaitait s’enrichir au Brésil et rentrer au Japon maximum 3 ans après. Ce rêve se révéla impossible.
Outre les bas salaires, les immigrés avaient leur passage en bateau décaissé de leur salaire et tout agriculteur Japonais devait acheter l’intégralité de ce qu’il consommait dans la fazenda où il travaillait.
Les Japonais ont donc été redevables en très peu de temps.
La génération née au Japon a été celle qui a connue l’adaptation la plus difficile en raison de la langue, habitudes alimentaires, vêtements, mode de vie et différences climatiques.
Travailler dans les plantations de café s’est même avéré très difficile car totalement différent de leur agriculture. Le film « GAIJIN – Les Chemins de la liberté » de Tizuka Yamazaki montre admirablement bien cette première phase d’arrivée et d’adaptation des Japonais dans les fermes brésiliennes.
Puis, grâce à un système de partenariat avec le fazendeiro (propriétaire de la fazenda), de nombreux Japonais ont réussi à acheter leurs premières parcelles de terre. Après un certain temps de plantation, l’immigrant avait le droit de recevoir une parcelle de terre. Cela a conduit de nombreux Japonais de s’installer définitivement au Brésil.
La première génération née au Brésil n’était pas très différente de celle de leurs parents. Toujours animés par le désir de retourner au Japon, les immigrants ont éduqué leurs enfants dans la culture japonaise. Les enfants fréquentaient des écoles japonaises fondées par la communauté et la prédominance de l’isolement rural facilitait cet enseignement. Environ 90% des enfants Japonais parlaient ainsi japonais à la maison.
Comme ils prétendaient revenir au Japon, les immigrés ne se préoccupaient pas d’une bonne intégration au Brésil. Par conséquent, une grande partie n’a jamais appris à parler le portugais. Il y avait des écoles où l’enseignement était uniquement en japonais mais elles ont été interdites pendant la guerre 39-45. Ce même fait s’est produit avec l’enseignement dans les écoles allemandes et italiennes car ces pays étaient considérés comme les nations de l’Axe, si hostile au Brésil alors que ce dernier était entré en guerre du côté des Alliés. Cette époque est celle des confiscations des biens des Japonais, des Allemands, des Italiens. Existaient même des camps de concentration où ils étaient prisonniers …
Avec la deuxième génération de Japonais, l’espoir de revenir au Japon fut définitivement enterré.
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale a secoué leur pays d’origine, il était ainsi plus sûr de rester au Brésil. Beaucoup d’immigrants sont arrivés à cette période, attirés par des parents qui avaient déjà immigré. Dans les années 1930, le Brésil abritait déjà la plus grande population de japonais en dehors du Japon.
A partir de la troisième génération, les descendants de japonais se sont définitivement ouverts à la société brésilienne. Les grands-parents avaient travaillé dur dans l’agriculture afin que leurs enfants et petits-enfants aient un avenir au Brésil. Dans les années 1960, les Japonais ont quitté les campagnes pour les villes pour terminer leurs études. La destination principale était São Paulo, qui est devenue la ville avec le plus grand nombre de japonais en dehors du Japon.
A partir des années 70, l’isolement ethnique a commencé à se détériorer et le métissage est devenu une partie de la réalité de la colonie japonaise au Brésil. Actuellement, environ 61% des petits-enfants de Japonais ont une origine non japonaise. Les traits croisés prédominent au sein de cette nouvelle génération, déjà intégrée avec le Brésil.
Les liens avec le Japon ancestral, cependant, sont moins importants.
Pour avoir une idée, la plupart ne parlent pas ou peu la langue japonaise. Des prénoms brésiliens ont été adoptés, João, Pedro, Antonio, Luiza, Tereza, etc… tout en conservant les prénoms traditionnels Nakamura, Sujiro, Satiko, Kioko mais uniquement utilisés en famille.
Le phénomène aujourd’hui observé est celui de Brésiliens d’origine japonaise et leurs conjoints qui partent travailler au Japon, la plupart dans l’industrie. Ce sont les dekasseguis. Actuellement, plus de 300 000 dekasseguis sont au Japon.
La colonie japonaise est divisée en :
– 13 % d’Isseis (japonais de première génération, nés au Japon)
– 31 % de Nisseis (enfants de Japonais)
– 41% de Sanseis (petits-enfants de Japonaises)
– 13 % de Yonseis (arrières petits-enfants de Japonais)
Au-delà de l’état de São Paulo, la colonie japonaise est également très présente dans les États du Paraná, Mato Grosso do Sul et Pará.
Le bouddhisme a été introduit par les premiers immigrants japonais. En 1932, Sukeichi Ito a fondé en Cafelândia (SP) le Temple de Komyôji, administré par l’association Japonaise locale et affilié au bouddhisme Shin. Il a été le premier temple bouddhiste à être construit au Brésil.
Le Temple Zu Lai situé à Cotia (région métropolitaine de São Paulo) est le premier temple du Monastère Fo Guang Shan en Amérique Latine.
Au Brésil, plusieurs noms Japonais se détachent en architecture et en art : Manabu Mabe, Tomie Ohtake (et son fils Ruy Ohtake, architecte), T. Fukushima, Massuo Nakakubo, etc.
Sculpture de Tomie Ohtake installé en 1988 sur l’Avenida 23 de Maio, Sao Paulo, pour célébrer le 80ème anniversaire de l’immigration japonaise. Ce sont quatre lames de béton en forme de vagues, symbolisant les générations qui se sont succédées au Brésil depuis le début de l’immigration.