Les différences de colonisations espagnoles et portugaises en Amérique Latine
On peut considérer que la différence entre le Brésil et tous les autres pays d’Amérique Latine est due au traité de Tordesilhas, créé par le Pape Alexandre VI (1431-1503). En 1493, fût créé un document appelé BULA.
Ce document établissait que les terres situées jusqu’à 100 lieux à partir des Iles du Cap-Vert seraient celles du Portugal, les autres seraient celles de l’Espagne. En 1494, ayant peur de perdre le contrôle de leurs conquêtes, le Gouvernement Portugais a convaincu l’Espagne d’accepter la révision des termes de la BULA et le traité de Tordesilhas a été créé afin de modifier les limites territoriales de 100 à 370 lieues (soit 1770 km). « En accord avec le traité de Tordesilhas, les terres situées jusqu’à 370 lieux à l’ouest du Cap-Vert appartiennent au Portugal et les terres situées à l’ouest de cette ligne appartiennent à l’Espagne » . Ce traité a donc assuré au Portugal la domination des terres découvertes (et à découvrir) qui étaient à l’ouest de l’océan Atlantique à partir des îles du Cap-Vert.
Le Brésil n’avait pas encore été découvert par Pedro Alvares Cabral (né vers 1467/1468 – mort vers 1520) et le Portugal n’avait aucune idée des terres qu’il possédait ! Nous savons aujourd’hui que cette ligne imaginaire était une verticale partant de Belém (État du Pará) et allant jusqu’à la ville de Laguna (État de Santa Catarina).
Selon le traité, une grande partie du territoire brésilien appartenait au Portugal, même si de nouvelles terres étaient découvertes par les Espagnols. Mais les Portugais et les Brésiliens n’ont pas respecté le traité et occupèrent des terres qui appartenaient aux Espagnols, ce qui explique la forme actuelle du Brésil.
Contrairement à l’Espagne, le Portugal n’a pas seulement cherché à étendre son territoire, son intérêt était d’établir des entrepôts pour le commerce avec d’autres nations. Le roi du Portugal D. João III (1502-1557) a créé un système d’administration territoriale avec les Capitaineries héréditaires (Capitanias Hereditárias) en 1534 dans le but de coloniser le Brésil. Ce système consistait à diviser l’ensemble du territoire brésilien en de vastes étendues de terres et de confier leur gestion à des personnes privées (appelées DONATARIOS), principalement à des des nobles ayant des relations avec la Couronne portugaise.
Ces capitaineries ont été nommées « d’héréditaires » car comme leur nom l’indique, elles étaient transmises de père en fils qui avaient pour mission de coloniser, protéger et gérer les territoires en question. Les DONATARIOS détenaient également le droit d’exploiter les ressources naturelles, le bois, les animaux et les minéraux.
Le système ne fonctionnait pas très bien pour toutes les Capitaineries, seules celles du nord de Pernambuco dans le Nordeste et celle de São Vicente dans le Sud du pays fonctionnaient bien. Les causes de cet échec peuvent être dues à la distance du Portugal, à la grande extension territoriale, au manque de ressources économiques et humaines et, aux attaques constantes d’Indigènes qui ne se laissent pas asservir comme main d’œuvre esclave.
Beaucoup de Capitaineries ne furent pas visitées par leurs propriétaires, ils ne prenaient ainsi pas soin de protéger et développer leur territoire.
Les conquérants Espagnols Hernán Cortez (1485-1547) et Francisco Pizarro (1476-1541) sont venus en Amérique du Latine dans le but d’exterminer les peuples indigènes et afin d’établir un Empire Espagnol à grande échelle.
Cela donne une idée de la politique coloniale espagnole dans les années qui suivirent.
Le défaut majeur de la diplomatie espagnole, en tuant les populations locales sur son territoire, explique la désintégration de l’Empire Espagnol en Amérique Latine et les guerres entre les nations nouvellement formées.
Les Portugais lancèrent des expéditions en mer à la recherche de terres inconnues. Ils répandirent leur présence, non seulement avec leur langue mais aussi avec leur architecture, cuisine, culture …
Le Brésil, ainsi que plusieurs autres régions d’Amérique Latine colonisées par les Portugais et les Espagnols, est un exemple de colonie d’exploitation. Les Portugais et les Espagnols sont venus avec l’intention d’exploiter la terre et les gens qui y vivaient avec le seul but de s’enrichir et de retourner en Europe.
Autour de 1515, le gouvernement du Portugal s’est rendu compte qu’il pouvait perdre sa souveraineté. Ce risque était réel, car la côte brésilienne avait été visitée par des contrebandiers français qui trafiquaient avec les Indiens le monopole portugais du pau-Brasil. La colonisation du Brésil n’a, à proprement parler, commencée qu’en 1530, l’immigration débute à cette époque et exploite les terres pour l’agriculture.
Pour peupler les terres, le Portugal a pris des mesures pour faciliter la venue de ceux souhaitant devenir colons. La plupart étaient des criminels condamnés ou exilés et des Juifs persécutés par l’Inquisition.
Le métissage s’est naturellement fait entre les portugais et les Indiennes renommées pour êtres savoureuses ! Plus tard, le mélange des races a continué avec les populations noires amenées d’Afrique pour l’esclavage.
Les trois races de base formant la population brésilienne sont : Indienne, Noire et Européenne. Ce mélange a donné lieu à trois types de race mixte :
CABOCLOS = Blancs + Indiens (aussi appelés Mamelucos)
MULATOS = Noirs + Blancs
CAFUZOS = Indiens + Noirs
Dans le cas du Brésil, le mélange peut être considéré comme agent civilisateur. Car la colonisation espagnole était complètement différente. Dans la colonisation espagnole, il n’y a pas eu de mélange de races. Les mariages entre Espagnols et Indiens étaient par exemple inexistants.
Dans l’Amérique espagnole, la violence était extrême, les guerres ont été très dures et les populations locales anéanties.
Les colons nés en Espagne ont reçu de la Couronne, en échange de taxes, le droit de construire des forteresses, de fonder des villes, de catéchiser les Indiens et avaient de larges pouvoirs politiques. Les descendants d’Espagnols nés en Amérique et appelés les CRIOLOS formèrent l’élite économique.
La désintégration de l’Empire Espagnol en Amérique Latine s’est également produite de part le fait de multiples colonies dans un seul territoire et, de part les guerres entre ces nations nouvellement formées. 13 colonies étaient complètement indépendantes les unes des autres, chacune avec un vice-roi et subordonnée à la Couronne Espagnole. Contrairement au Brésil où les DONATARIOS das Capitanias étaient autonomes dans leur gestion et leur politique.
Il convient de signaler que ce qui marque aussi la différence entre les colonisateurs espagnols et portugais serait sans doute à la racine de leur nature et de leur caractère. L’espagnol dur, violent, passionné, fier et orgueilleux, possessif. Le portugais plutôt bon vivant, souvent naïf, conciliant.
Denise conseille les lectures suivantes (lectures difficiles mais très intéressantes) :
– « Raizes do Brasil – Racines du Brésil » de Sérgio Buarque de Holanda – il existe une traduction en français faite par Marlyse Meyer (la belle-sœur de Denise !), Edition ARCADES GALLIMARD. Sérgio Buarque de Holanda (1902-1982) est un très grand historien Brésilien et également le père du fameux Chico Buarque !
– « O Povo Brasileiro »de Darcy Ribeiro (1922-) grand anthropologue brésilien. Edition COMPANHIA DAS LETRAS
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