Légende, l’origine du manioc
Légendes brésiliennes
Région : Nord
Origine : Etymologiquement, le mot manioc (mandioca en portugais) est issu du tupi-guarani « mandi-ó » ou « mani-oca » signifiant « maison de Mandi ». Mandí est la déesse bienfaitrice des Guaranis. En mythologie comparée, Mandí serait Perséphone, la déesse du grain dans la Grèce antique.
Le saviez-vous ? Un timbre a éte émis par Os Correios (La Poste au Brésil) pour illustrer la légende du manioc.
L’origine du manioc
Il était une fois une famille indigène : le père, chef de tribu, était un homme fort et autoritaire. Celui-ci traitait sa femme et sa fille avec une énorme affection, mais, en même temps, il imposait loi et respect tant au sein de la tribu qu’au sein de sa maison. Ce chef de clan ne tolérait aucune faiblesse, aucun échec. La mère, délicate et douce, passait ses journées à s’occuper de la famille, toujours souriante, heureuse. La fille, jeune et rêveuse, épaulait sa mère et lorsqu’elle avait terminé ses tâches, elle partait dans les bois pour cueillir fruits et fleurs, parler aux animaux, nager …
Lorsqu’elle se sentait fatiguée, elle s’allongeait sous un arbre, dormait et rêvait. Elle rêvait qu’un jeune homme à la peau pâle et aux cheveux d’or descendait des nuages. Que le jeune homme s’approchait d’elle et murmurait au creu de son oreille : « Te amo ».
Le songe se répéta jour après jour, la jeune femme ne s’en étonnait plus si bien qu’elle tomba amoureuse du jeune homme à la peau claire et aux cheveux d’or. Dorénavant, ce qu’elle désirait le plus, c’était de s’endormir dans les bois et de rêver.
Arriva un jour où, dès qu’elle eut ouvert les yeux, elle se sentit différente… Un petit être commençait à grandir en elle. Elle était heureuse mais inquiète. Comment pourrait-elle expliquer à ses parents qu’elle était enceinte si elle n’avait pas même un ami. Comment avouer que cet amour n’existait que dans ses rêves ? Sa mère crut les paroles de la jeune femme, comme les mères le font toujours. Elle la serra dans ses bras et l’aida. Cependant, son père, le grand chef, était en colère, il ne voulait pas la comprendre, ne l’excusa pas et, pire que tout, cessa de lui parler.
Enfin, l’enfant est né ! Une petite fille à la peau très claire et aux cheveux d’or. La jeune mère lui donna le nom de Mandí. Toute la tribu fut stupéfaite : « Ce bébé n’est pas de notre monde. Elle est venue du ciel, c’est une déesse ! » C’est ainsi qu’ils commencèrent à la percevoir et à la respecter.
Mandí faisait le bonheur de sa mère, de sa grand-mère et de toute la tribu. Seul son grand-père, le chef fort et autoritaire, ne lui prêtait pas attention et ne voulait pas qu’elle s’approche de lui.
Un jour, alors qu’elle était encore très petite, Mandí se réveilla sans envie de jouer, ni de manger, ni de quoi que ce soit. Si on lui demandait comment elle se sentait, Mandí répondait qu’elle voulait rejoindre le ciel et les nuages. Personne ne comprenait ce qu’il se passait, pas même le sorcier qui guérissait tous les maux. Lorsque le soleil se cacha derrière les forêts et que la lune commenca à illuminer la nature de reflets d’argent, Mandí sourit, ferma les yeux et mourut.
Sa mère souffrit beaucoup, énormément… Elle inhuma Mandí dans un lieu bien exposé au soleil, à la lune et aux étoiles. Ce lieu était dorénavant la oca (maison) de Mandí, chaque jour elle s’y rendait et caressait la terre comme si c’était Mandí qu’elle cajolait. Peu à peu, et comme toute la tribu avait vu en a fille une divinité, elle réalisa que sa place était justement dans le ciel et arrêta de pleurer.
Plus tard, alors qu’elle se rendait sur la sépulture de sa fille, la jeune maman se rendit compte qu’une plante y avait germé. Serait-ce Mandí ? Elle creusa la terre, mais n’y trouva pas le corps de sa chère fille. Tout ce que ses mains trouvèrent était des racines différentes de toutes les autres qu’elle connaissait. De quelles racines pouvait-il s’agir ?
Peu de temps après, le chef de tribu qui se balançait endormi dans son hamac, rêva qu’un jeune homme à la peau pâle et aux cheveux d’or lui murmurant au creu de l’oreille : « Grand chef, aime ta fille, parce qu’elle t’a toujours dit la vérité. Mandí est née afin que les indiens ne manquent jamais de nourriture. La racine de la plante qui a germé sur la oca de Mandí suffira pour qu’il n’y ait plus jamais de faim au sein de la tribu. Maintenant, je vais t’apprendre comment la cultiver et l’utiliser ».
Lorsqu’il se réveilla, le chef ordonna à la tribu de se rassembler. Devant tout le monde, il embrassa sa fille, s’excusa de ne pas lui avoir fait confiance et raconta son rêve.
Unanimement, puisque la plante avait germé sur la oca de Mandí, ils décidèrent de nommer la racine Mandioca.