Légende : L’origine des étoiles
Légendes brésiliennes
Région : Centro-Oeste
Origine : Les indiens Bororo de l’Etat du Mato Grosso sont à l’origine de cette légende.
Le saviez-vous ? Le peuple Bororo s’auto-désigne par Boe. Le terme Bororo signifie coeur du village, il est actuellement leur nom officiel.
Chez les Bororo, l’unité politique est le village Boe Ewa. Il formé d’un ensemble de maisons disposées en cercle, avec la maison des hommes au centre le Baito. Du côté ouest du Baito se trouve la place des cérémonies, appelée Bororo.
L’origine des étoiles
Dans un passé lointain, la nuit était très sombre dans les villages Bororo, le ciel était éclairé uniquement par la lune qui poursuivait seule son cycle nocturne. A cette époque, les étoiles n’existaient pas pour embellir la nuit, et lorsque la lune se cachait derrière les nuages, une terrible obscurité envahissait la forêt.
La culture de ces indiens Bororo suit la tradition de leurs ancêtres qui ont établi une division dans les rôles masculins et féminins. Les femmes sont responsables des soins domestiques, de la culture et de la préparation des aliments, de la production d’artisanat et de l’éducation des enfants. Les hommes sont chargés de défendre le village, de construire des maisons et des canoës, de nourrir le village par la chasse et la pêche.
Régulièrement, tous les hommes se rendaient dans la forêt pour chasser et les femmes restaient avec les enfants dans le village. Les indiens ne revenaient de ces chasses collectives qu’après plusieurs jours.
Les femmes laissées seules dans le village en profitaient pour récolter des épis de maïs qu’elles utilisaient pour préparer de nombreux aliments savoureux, tels que des gâteaux, des pamonhas, des farofas, des bouillies et du pop-corn.
Une jour, alors que les femmes indiennes arrivèrent au champ de maïs, une grande tristesse les submergea. En effet, elle ne trouvèrent que très peu d’épis. Elles ne comprenaient pas ce qu’il était advenu de leur maïs car il n’y avait aucune trace d’animaux sauvages qui auraient pu attaquer la plantation. L’âme en peine, elles cueillirent les quelques épis restants et rentrèrent chez elles.
Quand elles arrivèrent au village, elles eurent une deuxième surprise désagréable. Il y avait un gros gâchis ; partout des pailles de maïs étaient éparpillées sur le sol et dans les pots, elles découvrirent des restes de pop-corn. Elles ne savaient pas que quelques enfants espiègles avaient fui des heures plus tôt et étaient allés dans les champs de maïs pour récolter les meilleurs épis, qu’ils avaient ensuite cachés dans de grands paniers. Les enfants avaient attendu que les femmes quittent le village pour préparer le pop-corn et manger jusqu’à ce qu’ils soient repus.
Mais les enfants ne s’étaient pas arrêtés là. Alors que les petits indiens se rassasiaient du pop-corn, le perroquet du village, qui observait la scène, menaça les enfants de révéler la vérité aux mères dès leur retour. Pour éviter d’être dénoncés, les enfants coupèrent la langue du perroquet et la jetèrent au fond de la rivière.
Malgré leur méfait, ils n’étaient pas rassurés et décidèrent alors de s’aventurer dans la jungle. Ils regardèrent les nuages blancs du ciel et eurent l’idée de se cacher là-haut. Ils capturèrent un colibri et attachèrent l’extrémité d’une liane aux pattes du petit oiseau, lui ordonnant de voler rapidement et de fixer la liane au nuage le plus élevé. Le petit oiseau obéit aux enfants, volant de plus en plus haut. Pendant que le colibri s’envolait pour accomplir sa tâche, les petits indiens s’agrippèrent à la liane et commencèrent leur ascenssion.
Pendant ce temps, les femmes étaient toujours dans le village essayant de découvrir où se trouvaient les enfants. Alors l’une d’elles demanda au perroquet ce qui s’était passé, mais il n’y eu pas de réponse. Avec étonnement, elles réalisèrent que l’animal avait la langue coupée.
En voyant cela, toutes les femmes furent désespérées et s’empressèrent chercher leurs enfants. Elles n’eurent pas à marcher longtemps et trouvèrent rapidement au milieu de la forêt une liane suspendue aux nuages. Elles déduirent ainsi que les enfants étaient montés au ciel.
Pleurant beaucoup, elles commencèrent à crier demandant le retour de leurs enfants. D’en haut, les enfants pouvaient entendre les pleurs et les appels désespérés de leur mère. Elles les supplièrent de revenir, craignant que quelque chose de pire ne se produise. La rébellion des enfants était si grande qu’ils s’en moquèrent. Ils ne songeaient qu’à une chose suivre le colibri qui s’éloignait de plus en plus de la terre.
Le temps passa. Quand les enfants souhaitèrent revenir, il était trop tard car ils ne le pouvaient plus. Ils étaient piégées là-haut, punis pour leur manque de respect et leur ingratitude envers leurs mères. Leur rébellion étant allée trop loin, ils furent donc été condamnés à vivre pour toujours loin de chez eux. La nuit n’était désormais plus sombre, les yeux des enfants, transformés en étoiles, étaient contraints de constater le chagrin qu’ils avaient causés.
Aujourd’hui encore, cette histoire est racontée dans les cercles de conversation, lorsque les indiens Bororo se rassemblent autour des feux de camp. Le mauvais exemple de ces enfants est un avertissement à chaque tribu qui voit dans ce conte légendaire la valeur du respect pour les personnes âgées et l’importance de l’obéissance aux règles de la communauté.