Légende : Les mangues jasmin d’Itamaracá
Légendes brésiliennes
Région : Nordeste
Origine : La légende a été publiée par Francisco Augusto Pereira da Costa dans le magazine Mosaico Pernambuco, en octobre / novembre 1927. Les versets font partie d’un poème du Dr José Soares de Azevedo.
Le saviez-vous ? Itamaracá (l’île de Itamaracá) est une ville du littoral brésilien de l’État du Pernambouc. Elle fait partie de la mésorégion métropolotaine de Recife. « Itamaraca » signifie « pierre chantante » en tupi-guarani.
En 1859, D. Pedro II visita l’île d’Itamaracá. Le 7 décembre, il se rendit sur le site de la chapelle de Bom Jesus Menino, là poussaient de gigantesques manguiers, l’un d’eux, avec 42 mètres d’envergure, produisait les fameuses mangues jasmin.
Les manges jasmin d’Itamaracá
En 1631 dans la capitainerie de Paraíba, viviait une jeune fille d’une rare beauté nommée Dona Sancha Coutinho. Malgré ses quinze printemps, une longue liste de prétendants souhait déjà l’épouser. Son père, Dom João Coutinho, un riche propriétaire de plantation, avait très tôt imaginé ce que serait l’avenir de sa fille.
Non loin de là vivait le jeune Saldanha e Albuquerque, fou d’amour de D. Sancha. Il désirait ardemment se marier à la jeunde fille. Un jour, il prit son courage à deux mains et s’en est allé à la plantation de D. João Coutinho. Le jeune demanda alors à parler au chef de famille et sa femme :
« Monsieur, Madame, le sujet qui m’amène ici concerne votre fille D. Sancha. Je l’admire depuis longtemps ; c’est pourquoi je viens vous demander sa main en mariage. A partir de ce jour, je jure de l’aimer avec tout le respect du monde. »
Mais les deux parents s’y opposèrent avec ténacité. Saldanha e Albuquerque, ainsi désabusé et désespéré par ce refus qui mettait fin à tous ses rêves de bonheur, sans plus d’espoirs et ni d’ambitions, s’enrôla dans l’armée. Il marcha vers le front de bataille pour défendre le Brésil de l’envahisseur hollandais.
Saldanha e Albuquerque fut l’un des héros de la célèbre attaque du fort de Cabedelo. Puis il partit rejoindre les forces brésiliennes à Pernambuco. En 1633, dans la défense glorieuse d’Arraial do Bom Jesus, il est tenu pour mort, blessé par une balle. Il fut finalement sauvé mais ne pouvait plus combattre.
En 1646, des années après le début de son infortune amoureuse, Saldanha e Albuquerque réapparut dans la capitainerie de Paraíba. Il portait l’habit de Prêtre et se faisait appeler Père Aires Ivo Corrêa. Son arrivée fut célébrée comme suit :
Et de Jésus au monastère
Arrive à Olinda en pauvres habits
Un sacerdote étranger.Il a le visage marqué,
Par la douleur que porte son esprit;
Dans ses yeux sont éteintes
Les passions que le monde enflamme.En anneaux d’or ses cheveux
Sur ses épaules se dé-lassent ;
Les mots sussurrés par cet ange
Enseignent seulement pardon et amour
São treze anos passados,
E de Jesus ao mosteiro
Chega a Olinda em pobres trajes
Um sacerdote estrangeiro.
Traz o rosto macerado,
Que a dor o espr’ito lhe rende;
Nos olhos se lhe apagaram
As paixões que o mundo acende.
Em anéis d’oiro os cabelos
Pelos ombros se declinam;
Palavras qu’esse anjo solta
Só perdão e amor ensinam
Quelques jours plus tard, le Père Aires se rendi sur l’île d’Itamaracá. Soucieux d’avoir des nouvelles de sa bien-aimée, il interrogea les villageois sur la famille de D. João Coutinho. Le couple était décédé et D. Sancha ne s’était jamais mariée. Elle séjournait encore dans l’ancienne plantation administrée maintenant par son frère Nuno Coutinho, toujours triste et nostalgique.
Le Père Aires ne put résister, il devait la revoir. Il s’approcha de la maison. Au même moment, D. Sancha, qui passait par le patio, l’apperçut et rapidement reconnu son amour si longtemps tenu secret. Malheureusement, son cœur ne supporta le tourbillon d’émotions et D. Sancha mouru.
Pour que sa beauté soit rappellée à jamais, le Père Aires Ivo Correa planta un manguier sur la tombe de D. Sancha Coutinho.
Lorsque l’arbre donna des fruits, ils avaient un arôme différent, fin et délicat… C’est ainsi que, de cet amour éternel, les mangues jasmin d’Itamaraca sont apparues.
Un manguier il planta,
Où le souffle de Sancha
Jusque dans la mort, il aspirait.Les visions qu’il offrait
Ne sont pas imaginables par l’homme ;
L’ombre qu’il prodiguait
C’était l’ombre du paradis.Autour du manguier
On voit un beau jardin ;
Et les mangues du Père Aires
Sont les mangues jasmin.
E no lugar do sepulcro
Uma mangueira plantou,
Onde o hálito de Sancha
Até morrer aspirou.
Visões que ela lh’ofr’ecia
Não são d’humano juizo;
A sombra que ela lhe dava
Era a sombra do pr’aiso.
Inda em torno da mangueira
Se vê um lindo jardim;
E as mangas do Padre Aires
São as mangas de jasmim.