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Le dekopon

Pour découvrir les fruits du Brésil, rien de mieux qu’une promenade au Mercado Municipal : on reste les yeux écarquillés devant des formes, couleurs, odeurs que l’on n’identifie pas. Lorsque le vendeur, très commerçant, propose de goûter ces fruits étranges, on ne résiste pas et, à coup sûr, on tombe amoureux d’au moins l’un d’entre eux. C’est ce qui m’est arrivé avec le dekopon.

Pourtant, il ne m’attirait en aucune façon : je n’aurais jamais acheté ce gros agrume, à l’écorce torturée et ressemblant, soyons francs, à une énorme mamelle ! Il me faisait penser au combava de mon enfance, qui ne se mange quasiment pas tant il est acide, mais dont le zeste apporte aux plats une saveur et un arôme inouïs. Je laissais donc systématiquement les dekopons (mais quel drôle de nom aussi !) au milieu des citrons et oranges et choisissais plutôt les tangerinas ponkan (bon, le nom est tout aussi étrange), mandarines si faciles à éplucher et à consommer !

Jusqu’au jour où, en arrêt devant une pyramide de fruits du Mercado Municipal, j’acceptai, un peu sceptique, de le goûter. On ne goûte pas aussi simplement un dekopon : on regarde, ahuri, le processus d’épluchage de cet immense fruit ; on découvre les énormes gousses qui font aussitôt penser au pamplemousse ; on s’étonne de leur fermeté et on se prépare à croquer dans une pulpe juteuse et amère, la main sous le menton pour limiter les dégâts.

Le vendeur n’attend que ce moment, celui où vos yeux s’ouvrent encore plus, sous la magie du dekopon : une pulpe ferme sous la dent, sans pépins, à la saveur sucrée et fine, peu juteuse mais définitivement délicieuse, unique. Bref, j’étais et suis depuis restée sous le charme de ce fruit.

Le dekopon (Reticulata dekopon) vient du Japon, où il est obtenu, depuis 1972, par croisement entre une variété d’orange, le targor Kiyomi, et la mandarine ponkan.

Autres noms au Brésil : dekopon, tangerina dekopon, tangor dekopan, Kinsei

… et ailleurs : Shiranui, Sumo mandarin, Hallabong

 

Dans les années 1980, un agriculteur, Unkichi Taniwaki, produisit l’hybride dans le sud du Minas Gerais et en vendit des plants à un autre agriculteur de São Paulo. Aujourd’hui, le dekopon est planté dans plusieurs régions du Brésil

Le fruit pèse en moyenne 400 grammes et peut atteindre 1 kg. Ses principales caractéristiques sont son immense taille et la protubérance au niveau du pédoncule

Orange, pomme et dekopon, une affaire de taille…

Sa faible acidité et sa saveur sucrée ont un secret : après la cueillette, les fruits doivent reposer au moins dix jours au cours desquels le taux d’acide citrique baisse, faisant place au sucre. Au Japon, ce temps de repos atteint 40 jours.

Choisissez le fruit bien ferme, lourd, à l’écorce orangée. Laissez-le à température ambiante jusqu’au moment de la dégustation et… régalez-vous !

Tiana Noble