Le Candomblé

Le candomblé est une religion de racines africaines dotée d’une vaste culture et riche en préceptes. Le sens du mot candomblé en langue africaine est « danse »,  une danse religieuse.

Les personnes qui connaissent véritablement son fonctionnement en profondeur sont très peu nombreuses.

Des années d’études sont nécessaires pour atteindre un haut niveau de connaissance.

Ses préceptes sont tous fondamentaux et n’importe qui peut se consacrer à l’étude du Candomblé et profiter de ses avantages. Il existe une grande énergie positive dans le Candomblé, son culte peut ainsi apporter la paix et le bonheur.

 

A l’époque des senzalas (grands logements destinés aux esclaves au Brésil), les esclaves noirs avaient pour coutume d’incorporer l’esprit des « pretos-velhos » (noirs âgés), soit d’anciens esclaves qui se manifestaient. Ils prodiguaient des conseils et apportaient du réconfort aux esclaves.

 

Le syncrétisme catholique, produit de la symbiose des cultes de l’esclave et de l’esclavagiste au Brésil, a atteint un tel point d’association « nom et image du Saint Catholique / Orixá », qu’il est difficile de savoir où commence l’un et où s’arrête l’autre.  Quelques exemples :

 

São Jerônimo = Xangô

São Jorge = Ogum

São Cosme e Damião = Ibeji

Santa Barbara = Iansã

Nossa senhora dos Navegantes = Iemanjá

Jesus Cristo = Oxalá, etc, …

 

Il n’est pas rare que de nombreux chefs de terreiro (nom donné aux temples de Candomblé) demandent des messes et se déclarent aussi catholiques. Il existe un grand nombre de pratiquants adeptes des deux religions.

Il y a eu, par conséquent, une consolidation du Saint Catholique, déjà admis sous l’aspect d’esprit supérieur, de Chef-Guide ou, d’Orixá.

 

Le Candomblé a des racines millénaires et est arrivé au Brésil par l’intermédiaire des esclaves africains amenés par les Portugais. Ce rite était interdit et considéré comme un crime jusqu’en 1946 mais il a survécu aux persécutions et aux multiples tentatives d’extermination. Le fait d’être associé aux noirs l’a enveloppé de préjugés.

Néanmoins, l’initiation de blancs et d’étrangers au Candomblé pratiqué au Brésil n’est pas un phénomène récent. Bien que ses racines soient africaines et noires, cette religion s’est adaptée au syncrétisme pour survivre dans le nouveau continent.

 

Le Candomblé est une religion ouverte, le destin des personnes est prédeterminé par les Orixás et non pas par la couleur de la peau.

Le Brésil est le pays qui détient la plus grande communauté catholique du monde. Plus de 100 millions de Brésiliens se déclarent être catholiques. Un grand nombre d’entre eux croient également aux Orixás, consultent les buzios (cauris, coquillages), participent d’Ebós (travaux spirituels) et font des offrandes.

Candomblé

Chaque Orixá a des caractéristiques spéciales, vêtements, ornements, outils, qui doivent être portés pendant les cérémonies ainsi que des offrandes / nourriture qui doivent être préparées à leur intention.

Exemple pour Xango :

 

XANGÔ = Saint Jérôme, fêté le 30 septembre

Divinité de la foudre, feu, tonnerre, ordre, justice et injustice.

Danse avec majesté car c’est l’ancêtre mythique des Rois Yoroubas en tenant un oxé (double hache stylisée qui est son outil = son ferramentas).

Il peut aussi être un Dieu en colère, prenant des pierres de foudre dans son sac et les jetant au sol.

Très instruit, sensé, équilibré, décidé, déterminé et juste. Il est impartial, a une fermeté de roc, exige droiture et honnêteté.

Il se manifeste sous forme de massifs, rochers et vit dans des carrières et forêts.

 

Ses couleurs : rouge, blanc et marron

Son jour de la semaine : le mercredi

Son métal : étain

Ses plantes : géranium, œillet d’inde.

On lui sacrifie : des bœufs roux, de grosses tortues de terre et des coqs roux.

 

 

Le Pai ou la Mãe de Santo (Père ou Mère de Saint) représentent la plus haute autorité au sein du Candomblé. Ils sont choisis par les Orixás afin qu’ils vénèrent la terre. Ils exercent un mélange de leadership religieux, leadership politique et de puissance thérapeutique.

 

 

L’histoire de Gisèle Cossard Binon

Quand la française Gisèle Cossard Binon (née en 1923, décédée à Rio en 2016)) est allée pour la première fois dans un terreiro de candomblé, il régnait un grand climat de fête dans ce lieu. C’était le 5 décembre 1959 et, la veille au soir, avait été réalisée une fête pour Iansã.

Dans la Roça (= aussi un terreiro), elle a senti les parfums de fleurs et s’est aperçue que rien n’était du au hasard, rien n’était aléatoire, tout cela avait un sens : chaque couleur, chaque feuille, chaque détail. Sa vie ne serait plus jamais la même après avoir entendu les atabaques (tambours) jouant pour Iemanjá, la reine de la mer.

 

Nouvellement arrivée à Rio de Janeiro, la jeune fille à la peau blanche et aux yeux bleus était catholique et n’avait aucune relation avec la culture africaine, berceau du Candomblé.

 

« Apparemment, rien ne me liait si fortement à l’Afrique. Je suis née au Maroc, pays que j’ai quitté avant l’âge de mes 2 ans, trop petite pour avoir conservé des souvenirs. Mais mes parents, qui étaient français, ont gardé de ce pays une image enchanteresse qui a bercé toute mon enfance », dit-elle dans la présentation de son livre « Awó Le Mystère des Orixás » (Edition Pallas).

 

Avec son mari, le Diplomate Jean Binon, Gisèle a habité dans plusieurs pays africains (comme la Côte d’Ivoire ou le Tchad). A la fin des années 50, ils se sont établis au Brésil quand Jean Binon est venu pourvoir un poste à l’Ambassade de France à Rio de Janeiro.

Ce fut là que Gisèle a senti « la présence africaine dans les couleurs du peuple, dans le dandinement des femmes marchant dans la rue, dans l’odeur de dendê (huile de palme) aux angles de rue, dans l’exubérance de la musique et des danses ».

 

Gisèle Cossard Binon, qui a laissé la France pour le Candomblé. Elle est connue au Brésil sous le nom d’Omindarewá (eau limpide), première étrangère à être devenue Mãe de Santo

 

Elle a découvert la magie des Orixás dans les livres de Jorge Amado.

Plus elle s’insérait dans la vie brésilienne, plus elle sentait en elle la présence africaine.

« Les paniers apportés du marché en haut de la tête, la musique toujours présente dans tous les lieux, dans les rues, les magasins, sur la plage, rythmée par des tambours (…).

Lors d’une nuit de décembre, dans le terreiro de Joãozinho da Goméia, est apparu le grand tournant de sa vie.

 

Quand le Babalorixá (Chef du terreiro) a appris que Gisèle venait de l’Ambassade de France, le mode d’accueil fut spécial. Elle était ainsi fascinée par la force de son regard.

Les Ogãs (médiums responsables des chants et joueurs d’atabaques = tambours) commençaient à jouer des atabaques pour Iemanjá. Pendant qu’elle regardait les évolutions de la danse, la française a commencé à se sentir étrange et tomba au sol, pratiquement inconsciente.

La femme étrangère était « bolado no Santo«  (quand l’Orixá prend la tête de la personne, montrant à tous les participants présents que cette personne a été choisie par l’Orixá et qu’elle doit être initiée).

En se réveillant de sa transe, allongée sur une natte (de paille), elle a entendu qu’elle avait été choisie par un Orixá et qu’elle venait de naitre à une nouvelle vie. Son nom n’était plus Gisèle Cossard Binon mais Omindarewá, qui signifie « eau limpide ».

 

L’histoire de Gisèle Cossard Binon explique, d’une certaine forme, le syncrétisme de la culture brésilienne « soudainement représentée non plus par une divinité, mais par un être humain ».

La femme d’un diplomate a été choisie par les Orixás pour exercer une charge d’une grande responsabilité au sein du Candomblé : Yalorixá (Mãe de Santo). Gisèle a été la première femme étrangère à assumer cette position au Brésil. Elle a été l’une des personnalités les plus influentes de la religion afro-brésilienne. On pouvait aller chez elle pour assister aux cérémonies et ou pour « un passe » (bénédiction).