Femmes bréliennes : Bonnes, méchantes et dangereuses
São Paulo Accueil vous propose un série d’articles sur les femmes brésiliennes. Il ne s’agira pas d’une liste biografique. Parfois nous évoquerons rapidement la trajectoire de femmes déjà très connues, d’autres fois nous nous attarderons sur des femmes oubliées ou méconnues. Au dela de remémorer la vie de certaines femmes et le contexte dans lequel ces histoires se sont développées, cette série montre la lutte de ces femmes pour leurs droits. Par exemple, les conquêtes fiminines au Brésil étaient avant le coup d’état de Getúlio Vargas en 1937 bien en avance sur celles de la France. Si les femmes brésiliennes commencèrent à voter et à être élues à partir de 1932, ce n’est qu’en 1945 que les Françaises auraient accès à ces droits.
Bonnes, méchantes et dangereuses (partie 1)
Parmi celles qui « connaissent leur place » et les transgesseuses, il y a de tout dans cette histoire : saintes, sorcières, adultères et révolutionnaires. Elles ont osé remettre en cause le statu quo.
- D. Zilda e Onistarda
- Mauvaises femmes : sorcières et prostituées
- Immorales ou femmes puissantes ?
Le dogme qui a imposé à Eve le rôle de bouc émissaire, qui s’est par la suite reflèté sur toutes les femmes catholiques, n’était pas si créatif. Il a probablement tiré ses sources dans les mythologiques antérieures, comme la grecque, avec Pandore, la première femme créée par les dieux. Pandore aurait été moulée directement dans l’argile et non à partir de l’os d’un homme, elle était vouée à un destin de « cheval de Troie ». Zeus, dieux des dieux, en colère contre la désobéissance de Prométhée, qui a volé le feu et l’a apporté aux humains, a créé Pandore et sa boîte, où il a gardé tous les maux. Zeus a également ingénieusement doté Pandore de la curiosité, sachant qu’un jour elle, comme Eve, finirait par oser lutter contre l’interdiction pré-établie. Lorsqu’elle a ouvert la boîte qu’elle a reçue, elle a fini par être la femme responsable de tous les maux de l’humanité.
Les femmes bonnes, encore aujourd’hui dans notre société, sont celles qui obéissent, celles qui « connaissent leur place », qui ne causent aucun trouble, qui ne questionnent pas l’ordre établi et ne suivent que ceux qui, en somme, ne révolutionnent pas le statu quo. Les méchantes sont celles qui trangressent l’ordre patriacal établi. Elles sont les filles d’Eve, qui mangent le fruit de l’arbre de la connaissance et expulsent les hommes de leur monde parfait. Elles sont celles qui rompent les codes pré-établi par la société, par la religion, etc. Elles sont pointée du doigt comme des sorcières, des enchanteresses, des prostituées et des meurtrières.
Les « mauvaises » femmes assument le sexe pour leur propre plaisir ; elles sont infidèles, elles se livrent á la luxure. Les femmes ambitieuses qui dominent les hommes et pervertissent, selon le regard machiste, l’ordre conventionnel. Ces dernières entrent plus facilement dans l’histoire que celles qui se détachent par leur sainteté ou par leur perversion. Celles à mi-chemin entre ces deux étiquettes qui suivent les règles sociales constituent le volume des invisibles de notre société.
1. Zilda e Onistarda
Et même si elles doivent être sanctifiées, elles doivent pratiquement être des matyres. Il suffit de dénombrer le nombre de Saints qui éclipse de loin les Saintes. A ce sujet, un nom vient rapidement à l’esprit de tous les Brésiliens : Zilda Arns Neumann (1934-2010). Médecin pédiatre et un expert en santé publique brésilienne, elle est également la sœur du cardinal de São Paulo Paulo Evaristo Arns qui a combattu la dictature. Zilda est une femme qui continue d’inspirer. Fondatrice et coordinatrice internationale de l’association œcuménique Pastorale da criança e a da pessoa idosa, elle œuvre pendant des années auprès des enfants et des personnes âgées afin de protéger les deux extrêmes les plus fulnérables au Brésil. De 1994 à 1996, elle est membre du Conseil national brésilien pour les droits des enfants et des adolescents. Elle meurt tragiquement au cours d’une mission humanitaire lors du tremblement de terre d’Haïti le 12 janvier 2010.
Le travail de Zilda Arns aurait bénéficié à plus de 2 millions d’enfants. Le 2 août 2013, l’évêque de Paraíba et président de la Pastorale pour enfants, Mgr Aldo Di Cillo Pagotto, a annoncé l’ouverture du procès en béatification de Zilda Arns pour 2015, soit 5 ans après sa mort, comme prévu par le droit canon. Son engagement lui a valu d’être récompensée à de nombreuses reprises, notamment par un hommage spécial décerné par l’Unicef en 1988, et par trois nomination pour le Prix Nobel de la paix. Elle est la seule femme brésilienne à avoir été nommée au Prix Nobel de la paix.
À l’extrémité opposée de Zilda Arns, qui a oeuvré pour son prochain visant au bien être de milliers d’enfants, il y a au Paraná une autre histoire, celle de Onistarda Maria do Rosário (1770-1828).
Onistarda a été mariée avec José Félix da Silva Passos (1760-1822). Elle avait, selon les stérérotypes sociaux de l’époque, outre le fait d’être une femme, deux handicaps elle était originaire de São Paulo et de Taubaté. Deux proverbes illustrent parfaitement ce que les personnes de cette époque pensaient alors : « Quem casa com paulista nunca mais levanta a crista » (litteralement : « Celui qui épouse une paulista ne lève jamais la crête ») et « Paulista de Taubaté, cavalo pangaré e muié que mija em pé, libéra nós, Dominé » (« Paulista de Taubaté, monture inutile et femme qui urine debout, libère-nous Seigneur ». La réputation des femmes paulistas, fortes et courageuses, était légendaire et Onistarda est une des illustrations de cette notoriété.
Onistarda a rencontré sont mari à Santos et, après quelques années car les parents d’Onistarda s’opposaient à l’union, l’épousa le 8 décembre 1781 à Curitiba. Dès lors, ils s’installèrent dans la plus importante ferme possédée par José Félix, a Fortaleza. Le lieu faisait honneur à son nom, le bâtiment principal était protégé par deux murailles, elles-mêmes protégées par une milice d’esclaves. Le lieu était la porte d’entrée du Sertão Tibagi, au Paraná, région alors dominée par les indiens caingangues, qui frequement atacaient la ferme.
Au delà de l’atmosphère hostile de l’extérieur, l’atmosphère du cercle familial n’était pas plus placide. Selon les histoires véhiculées, les documents recueillis par l’historien David Carneiro, auteur du livre O drama da fazenda Fortaleza, et le récit rapporté par l’explorateur français Auguste François Cesar de Saint-Hilaire, José Félix da Silva Passos vivait des tourmants au sein de son foyer.
Il aurait découvert pendant la nuit de noces que sont épouse n’était pas vierge, ce qui tournait son choix de mère pour ses enfants quelque peu erroné. Elle n’était pas chaste, serait une pêchesse, selon les principes moraux de l’époque. Onistarda avait ainsi refusé à son mari le droit « sacré » de lui prendre sa virginité, vertue suprême d’une femme. Après la naissance de la fille unique du couple, Ana Luísa da Silva, en 1785, les choses ont empiré. José Félix ne pu s’empécher de penser que l’enfant n’était pas de lui. Il n’existe pas d’informations precices sur le traitement que durent subir ses deux femmes, mais leur vie n’a pas être très facile.
Onistarda renvoya à son mari la haine qu’il lui destinait mais avec plus de haine encore et de ressentiment, la perversité est ainsi devenue le quotidien de a Fortaleza. Un épisode rapporté par David Carneiro raconte qu’Onistarda fit arracher les dents d’une esclave et la força à les servir à son mari sur un plateau d’argent. Le motif ? Ce dernier aurait complimenté les dents de la pauvre esclave. L’un des chatiments préférés d’Onistarda était de clouer au mur les oreilles des esclaves desobéissants avant de réitérer l’ordre forçant les pauvres malheureux à se déchirer les oreilles.
Onistarda essaya de tuer son époux par deux fois, lors de la dernière tentative elle fit armer des hommes qui surprirent José Félix sur un chemin. Il parvint à s’échapper mais il perdit les doigts d’une main et souffrit diverses séquelles. Onistarda fut condamnée pour se crime mais elle n’accomplit pas une peine d’emprisonnement commune. José Félix demanda à se qu’elle soit laissée à ses soins et la maintient captive dans sa propre maison.
La méfiance envers sa femme et sa propre fille, elle retourna vivre chez son père avec ses enfants après le veuvage de son mari, entraîna José Félix à enfermer à clé toutes les vivres de la ferme par crainte d’un empoisonnement. Seul son petit-fils avait le droit de lui couper la barbe car il craignait trop qu’une autre personne manipule la lame sur son cou. José Félix da Silva Passos mourru le 27 avril 1822, la première chose que sa fille réalisa fut lui prendre la clé qu’il gardait préciseusement sous son gilet afin de libérer sa mère. En apprenant la mort de son mari, Onistarda se serait écriée « Graças a Deus ! » Suite à ce décès, Onistarda est devenue propriétaire de plus de 142 000 hectares de ferme (3 fermes) et l’une des plus grandes proriétaires d’esclaves de São Paulo (à l’époque le Paraná faisait partie de la Capitainerie de São Paulo). La veuve était devenue la femme la plus libre qui pouvait exister à cette époque. Elle n’avait de compte à rendre à aucun homme et, si elle maintenait son veuvage, pouvait conserver l’administration de son patrimoine.
2. Mauvaises femmes : sorcières et prostituées
Onistarda ne sera ni la première ni la dernière mère, fille, femme à vouloir assassiner quelqu’un pour libérer d’une situation castratrice. Les socières et les prostituées étaient aussi de ces femmes considérées comme « mauvaises », constament poursuivies et exposées au jugement populaire.
Ce fut le cas par exemple d’Ana Maria, qui selon le Diário de Pelotas du 21 janvier 1879, était une femme de joie et une sorcière « filiada à escola de ridículas promessas de São Antônio » (« affilié à l’école des promesses ridicules de São Antoine »). Après avoir été denoncée par un policier et convoquée au commissariat, où elle promet abandoner ses moeurs, elle fit l’objet quelques mois plus tard d’un article dans la presse. Ana Maria fut une nouvelle fois dénoncée pour sorcelerie l’acte d’accusation étant « impingir certas drogas às pessoas incautas, para determinados fins » (« imposer des médicaments à des personnes sans méfiance, à certaines fins »). La police se rendit donc à son domicile afin de procéder à la collecte de preuves à charge. Dans les objets recueillis par la police se trouvait une « dangereuse » image floue de Saint Antoine (Saint protecteur des causes perdues), des vases contenant de l’eau plus ou moins colorée, des plumes et divers autres petites sphères.
Une autre femme également dans « l’erreur » de différentes manières, et pour cette raison « mauvaise », fut la portugaise Bárbara Vicente de Urpia dite Bárbara dos Prazeres (Bárbara des plaisirs), arrivée au Brésil em 1789 à ses 18 ans au côtés de son mari Antonio de Urpia. Le fait est que la beauté de Bárbara a attiré l’attention de la société de Rio, qui a ouvert les portes des salons d’élite pour le couple, comme celle du vice-roi, le comte de Resende. Bárbara attirait les yeux libidineux de pratiquement tous les hommes de l’élite, mais elle est tombée amoureuse d’un homme du peuple, un homme noir libre, qu’elle aurait rencontré dans une sérénade. Aveugle de passion et bien décidée à vivre sa romance, Bárbara aurait tué son mari de sang-froid, d’un coup de couteau dans la nuque, pendant qu’il dormait. Ayant réussi à dissimuler son crime, Bárbara , désormais veuve, perd l’accès à la cour du vice-roi. Peu croyaient en son innocence.
La passion dura peu, elle déchanta de son son amant qui finit par avoir le même destin que son mari. Toujours convoitée par les hommes de la société, la veuve luxuriante de 20 ans a commencé à gagner sa vie dans la prostitution.Elle devint la favorite des riches marchands, des fonctionnaires de la couronne et même des évêques. Avec l’arrivée de la cour royale portugaise en 1808, elle commença à servir la noblesse et, dit-on, même les membres de la famille royale. Au fil des ans, Bárbara aurait contracté des maladies, telles que la syphilis, la lèpre et même la variole, lorsqu’elle se rendit, en 1825, à Cisplatina (aujourd’hui Uruguay), pour servir les combattants. Bárbara avait perdu sa beauté et sa jeunesse.
Pour comprendre la vision masculine de l’époque au sujet de la prostitution, voici le recit de Mello Moraes Filho chroniqueur : « Infanticida na adolescência, envenenadora de sua própria irmã, mais tarde adúltera e depois cantoneira na Cisplatina, sobre seu ventre de perdida passara soldadesca infrene de lascividades » (« Infanticide à l’adolescence, empoisonnant sa propre sœur, plus tard une adultère et ensuite cantonière à Cisplatina, sur son ventre de personne perdue était passé une lascivité peu fréquente » – cantonière étant à l’époque l’un des nombreux termes pour désigner une prostituée).
Bárbara dos Prazeres se transforma alors en « mendiga onça » (« mendiante jaguar ») du à l’aspect que lui donnèrent ses maladies. Elle finit par se réfugier au Arco do Teles dans le centre de Rio. L’Arco de Teles était un amas de débris résulatnt de l’incendie du même bâtiment.
Le chroniqueur Mello Moraes assombrit dans son récit le portrait de Bárbara afin de montrer la noirceur d’une telle femme ajoutant a son texte un mélange de religion africaine et gitane et l’assassinat de nouveaux nés ;
C’est une idée de l’enfer et une suggestion démoniaque qui la motivèrent, venant du fétichisme africain et des superstitions tsiganes, le jaguar effrayé la mis en pratique pour se guérir.
Que recommandaient-ils ? Quels ont été les préceptes inculqués à la perversité innée de cette femme harpie ?
Au début, elle se baignait dans le sang encore bouillonnant de chiens, chats, chevraux et autres animaux ; elle ingérait de la viande de serpents, grenouilles et lézards, du code médicamenteux et cabalistique des égyptiens … cependant la lépreuse ne s’améliora pas, la maladie a progressait marquant chaque jour davantage son visage et son corps gracieux !Puis, embrassant ce que la magie noire peut spécifiquement enseigner pour traiter les maladies incurables, Bárbara dos Prazeres, la célèbre Jaguar do Largo do Paço, emprunte d’autres chemins, utilise le sang humain, qui, selon les instructions des gitans de Morro do Nheco, guérissait dans l’Egypte ancienne, la lèpre du peuple et la lèpre des rois.
Moares Filho, Histórias e custumes
En 1828, la Cour de Rio commença à enregistrer une série de disparitions d’enfants, dont les corps n’ont jamais été découverts. La panique s’est répandue alors. Les enfants n’étaient plus seuls et de nombreuses familles ont commencé à enfermer leurs fils et leurs filles à la maison, craignant le pire. C’est là que, selon les rapports, Bárbara commença à voler les nouveau-nés dans la «roue des enfants trouvés» de la Santa Casa de Misericórdia, une trappe tournante utilisée pour que les fruits des naissances non désirées puissent être confiés aux sœurs. L’abandon des bébés à Santa Casa avait considérablement diminué, ce qui fut bientôt associé à la cruauté de la «sorcière».
En 1830, le corps d’une femme apparut flottant dans la baie, à côté du Mercado do Peixe (Marché du poisson), dans l’actuelle Praça XV. Son visage était défiguré et méconnaissable, mais tout le monde semblait sûr que c’était Barbara. Après tout, les disparitions d’enfants avaient cessé depuis quelques jours.
On ne sait pas avec certitude si cette histoire s’est réellement produite ou si elle a été romantisée par la créativité populaire. Une grande partie de cette légende a peut-être été inventée. Les femmes qui osaient vivre leur vie sans mari, en dehors des normes, étaient constamment accusées de sorcellerie et même de crimes commis par des hommes, souvent issus de la haute société. Ce qui est certain, c’est que l’histoire sombre de Bárbara dos Prazeres perdura plus que sa propre vie.
3. Immorales ou femmes puissantes ?
Beaucoup de femmes ont été désignées comme « mauvaises » parce qu’elles étaient ambitieuses et parce qu’elles ne suivaient pas à la lettre le manuel des bonnes manières de l’époque. Quelque écart avec ce qui était considéré comme acceptable par la société était qualifié d’inadéquat. Tout ce que la société ne parvenait pas à comprendre était écarté. Lorsqu’il est imposssible d’ignorer une femme ambitieuse, qui jouit de sa sexualité et/ou qui monte socialement avec force économique et politique, elle est louée puis régurgitée quelque temps après comme quelque chose de malveillant.
Célèbre dans le folklore du Maranhão, Ana Joaquina Jansen Pereira (1787-1869) était une femme d’affaires implacable et l’objet de controverses pendant l’empire du Brésil. Ana Jansen, également connue sous le nom de Donana, était une femme en avance sur son temps. On spécule beaucoup sur sa vie, mais le parcours d’Ana en tant que femme au 19ème siècle marqua l’histoire de l’empire du Brésil.
Donana est née en 1787 dans une famille noble, elle fut expulsée de chez elle par son père lorsqu’elle tomba enceinte, la paternité étant inconnue. Elle fut alors déshonorée car elle était une mère célibataire et impure – parce qu’elle n’était plus vierge. Après une période d’extrême difficulté, Donana rencontra le colonel Isidoro Rodrigues Pereira, à l’époque l’homme le plus riche de la province. Ana devint rapidement sa maîtresse et a déménagea avec son fils dans une maison qu’il avait fournie. Elle demeura en position d’amante jusqu’à la mort de la femme d’Isidoro. Après leur mariage, Donana et Isidorio restèrent ensemble pendant 15 ans. La relation produit six enfants.
Donana avait ainsi gagné le respect de la société du 19ème siècle avec son mariage. Elle a joué un rôle crucial dans l’entreprise familiale. Avec la mort d’Isidoro, Donana alors âgée de 38 ans commença à diriger la plus grande production de coton et de canne à sucre de l’Empire, en plus de posséder le plus grand nombre d’esclaves de la région. Elle reçut le surnom de Reine do Maranhão.
Donana aida financièrement le gouverneur du Maranhão, Luís Alves de Lima e Silva, futur duque de Caxias, afin qu’il renforce son armée et qu’il puisse la dotée d’armements. Elle devint fondamentale pour que le gouvernement puisse vaincre a Balaiada (revolte de la province). Entre différentes contre-parties qu’on lui accorda, celle de la nomination de son fils Isidoro Jansen Pereira comme colonel de la guarde nationale ou encore celle d’avoir été invitée á la recomposition du Partido Liberal maranhense.
Dès qu’elle fut identifiée comme lider politique, Donana fit face à toutes sortes de préjugés de la part de journalistes de l’opposition, avec la réputation d’être une grande femme d’affaires. On l’affubla du surnom MMM Mulher Mandona do Maranhão (femme autoritaire du Maranhão). Des histoires sur sa cruauté ont commencé à circuler parmi la population locale. Pour la socité machiste de l’époque, devoir supporter les ordres d’une femme « de morale douteuse », mère célibataire, amante et qui après ses 60 ans se maria de nouveau ne fut pas facile.
La Reine de Maranhão était connue pour sa dureté et son autoritarisme extrême avec lesquels elle traitait ses employés et, en particulier, ses esclaves. Les serviteurs qui ne lui obéissaient pas étaient mutilés et torturés jusqu’à ce qu’ils implorent la mort. Thèse contestée par certains historiens, parmi lesquels Rodrigo do Norte, historien et guide touristique à Maranhão. Dans une interview accordée au portail O Estado do Maranhão, Rodrigo dit que ces histoires ne sont rien de plus que des rumeurs pour diffamer Ana Jansen : «Elle a maltraité des esclaves comme toute la société brésilienne maltraitait, cela ne lui était pas exclusif».
Cependant, les rumeurs n’ont fait qu’augmenter au fil des ans. Avec sa mort en 1869, à l’âge de 82 ans, est née la légende de la Reine de Maranhão. Selon le folklore, la grande maison où vivait Donana est aujourd’hui hantée par les âmes des esclaves qui y sont morts.
La légende la plus célèbre, cependant, est celle de la calèche d’Ana Jansen. Selon le mythe, pour ses actions dans la vie, la femme aurait été condamnée à passer l’éternité à errer dans les rues dans une calèche fantomatique. Le vendredi soir, le véhicule erre dans les rues conduit par un esclave sanglant sans tête, et des chevaux également décapités.
Aujourd’hui, Donana est considérée comme un symbole de résistance féminine, en plus d’attirer plusieurs touristes et spectateurs dans les endroits où elle est passée.
A suivre, Bonnes, méchantes et dangereuses (partie 2)
- L’adultère féminin dans le Brésil colonial
- Le contrôle de la femme et de son corps
- L’isolement des femmes au couvent